
L’association Somin L’Exil œuvre pour une appropriation linguistique libre et émancipatrice des personnes exilées à La Réunion. Grâce à une approche plurilingue, artistique et décoloniale, elle propose des ateliers d’apprentissage qui valorisent les langues, les cultures et les identités de chacun.
Une présidente au parcours marqué par l’exil
À la tête de l’association basée à Saint-Louis, Marielle Rafanomezana connaît intimement les réalités de l’exil et de la diversité linguistique. « Fille d’une kaf malbar de Saint-Louis et d’un merina d’Imerikanjaka, mes parents ont dû quitter Madagascar et La Réunion dans les années 80 pour s’installer en France hexagonale. J’ai grandi à Marseille, au milieu d’un incroyable bain linguistique : malgache, créole, langue d’oc, darija, shigazidja, tchétchène… », raconte-t-elle. De ce parcours personnel riche en langues et en cultures est née une conviction : l’apprentissage doit être un espace de liberté, d’émancipation et de créativité.
Des objectifs clairs et engagés
L’association Somin L’Exil développe plusieurs axes de travail :
- favoriser l’intersubjectivité et l’oralité dans les environnements d’apprentissage ;
- encourager l’apprentissage du créole réunionnais et du français local ;
- intégrer la pratique artistique et créative dans les parcours de formation linguistique ;
- promouvoir des méthodes holistiques et inclusives ;
- mener des actions de recherche en didactique du Français Langue Étrangère (FLE) et du Créole Langue Étrangère (CLE) ;
- sensibiliser les acteur·ice·s institutionnel·le·s et de terrain à la réalité des adultes exilés.
Des ateliers ouverts et vivants
Pour concrétiser ces ambitions, Somin L’Exil propose des ateliers linguistiques et artistiques dans plusieurs communes de l’île. Ces espaces permettent aux personnes exilées d’apprendre, de partager, de créer et de construire ensemble de nouvelles manières de faire société.
La langue comme outil d’émancipation
À travers son approche, l’association défend l’idée que les langues ne sont pas seulement des outils de communication, mais aussi des passerelles vers la dignité, la reconnaissance et l’intégration. « Nous croyons profondément que l’oralité, la créativité et l’intersubjectivité peuvent transformer l’expérience de l’exil. La langue devient alors un lieu de rencontre et de liberté », souligne Marielle Rafanomezana.